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V e r s e
Plasticienne
Petits arrangements avec les mots
Je n'ai pas la prétention d'être poète. Ce n'est pour moi qu'un moment de plaisir, un scrabble
amusant. En voici quelques bribes.
N’ayez pas la tentation d’y voir une confession. J’ai cette faculté d’être multiple.
" Ouvrez l’oreille, chaque mot possède un coeur qui bouge " Nimier
Louvre
Gravure diabolique où j'ai cloué mes doigts
Raz de marée
tourbillonnant
où de minuscules diables agonisent
emportés en eau
butant aux genoux des vierges assises.
Piétinement sur les parquets
des yeux mouillés de revenants
fascinés
où l'on trouve drôle
le Carnage
et la Servante
et l'Ecclésiaste
Je tourne court
aux boucles de Dürer
je pense à ma mère
et à ses fins cheveux
éclatement d'un monde
inspiré et soupirant
Solitaire un Primitif s'effondre
au regard d'une Joconde canonisée
Ouvre
ta lèvre de détrempe
ta robe des saints
esquisse l'instable marteau
que l’on porte sur la tête
révélation des maîtres
possédés de destins
Un pompier suce ses manches
impatient que ce dimanche
prenne feu
Les photographes sont ivres
les gardiens malsains
leurs pieds passés à la question
J'implore
les dos d'inspirations
qui devant moi défilent et s'oeuvrent
aux noirs bitumés d'un Naufrage
Louvre
mon précieux
sauvetage
touchant aux extrêmes
je perds mes bras pour des ailes
mais la Victoire reste
incertaine
Dix-huit heures
Louvre ferme
Septembre 2011
Je vous ai vu ramasser votre peine
Jour après jour
Votre corps plié sous le poids
Ahuri à l’obscur cortège de vos doigts
Je frottais en songeant à la mienne
Mes linges lavaient un corps froid
Ce miroir était notre
Bien que nous ne nous connaissions pas
Décembre 2024
Écrire
Pour que le jeu existe encore
Écrire
Pour que l’amour ce manifeste
Oublie sa chronologie
Oublie qu’il est temps
De ranger son ramage
À devenir invisible
Le cœur est intact
Le désir est intact
Mais le corps ?
Cette chair déjà putride
Ce fantôme en bonnet de nuit
Quel fou peut savoir
Que je respire encore !
Décembre 2024
Ah ! Je crois
À l’étrange parfum
Qu’une géante morte
Dans mon cœur s’y respire.
Il n’y a rien de petit
Lorsqu'on court à l’ardeur
Aucune démesure à
L’obsession que tu m’inspires.
Je broie des couleurs
J’agite les mains
Les becs de mon jardin
Semblent en rire
Si j’adresse à la Muse
Ma fièvre de gamin
Ah ! Je crois
À l’étrange parfum.
2024
Lettre à un Vivant
Pourquoi nier votre existence
Je fais bien la différence
Entre vous et lui
Je jure que je vois votre chair
Et s’il est encore lumière
Vous déplacez cette poussière, à moi ravie
Je sens votre sang
Je sens votre peau
Je sens votre ventre
Et tout çà bat son indécence
Oui je fais bien la différence
Entre vous et lui
Décembre 2024
Mes cheveux sont une chapelle
Où s’affrontent et se multiplient
De continuelles bousculades
Des yeux hallucinés
Des rodeurs sans but
Des tresseurs affolés
Mes cheveux flamboient
Mais les peignes d’ivoire n’y voient rien
Ils allument des feux d’artifice
Brûlants et fugaces
N’approchant en rien la tête qui les porte
Mes cheveux ont la beauté
Des nomades dans le désert
Leur marche est infinie
Mes cheveux commande ma folie
Je leur ai prié d’être raisonnable
Je suis fatiguée
De ne rien dire
Et de ne rien entendre.
Je suis fatiguée
Que l’on ne vienne visiter
Que mes casseroles
Odorantes, débordantes.
Mais quoi ?
Décembre 2024
C’est un tissu moiré
Qui servait pour les tombes
Il m’en fit un bonnet
Et me l’envoya.
Mais j’avais sur la tête
Des fleurs en couronne
Des lys, des roses
Il ne le savait pas.
Il me vit arriver
Royale et silencieuse
Lui rendre son bonnet
Qui ne me si — ed pas.
2024
Un vin chaud
Un message écrit
Dans l’effluve de ses épices
Et son miel si charmeur.
Il est tard
Si tard qu’il est presque tôt
Dans le ciel d’hiver
À la vitesse de la lumière
Le message est parti.
Le matin, l’aube froide
Réveille l’endormie.
Mesurant sa folie
Devant le désastre des mots écrits
Qui annule son mystère
Et lui font perdre le Décrit
C’est à cet instant qu’il faudrait
Pouvoir se pendre
Décembre 2024
Ne me soumettre
Marcher à reculons
Ne m’emportez pas
Là où rien ne puisse me satisfaire
Car rien ne me satisfait
Le mot même ne me satisfait pas
Tourner en rond
Rythmer le temps aux fêtes
Par pitié ne saisissez pas ma main
Je ne peux vivre dans cet espace
Qui est celui du groupe
Sans l’être j’en suis sûre
Pur désenchantement à combler
Résolu à attendre
Quelque chose d’extérieur
Qui lui tomberait dessus
Et changerait le cours de ses jours.
N’est-ce-pas de l’intérieur
Qu’il faut puiser son oxygène
Sa force, son intime folie à vivre encore
N’est-ce-pas dans l’eau gelée de sa cuvette
Sans confort, qu’il faut se voir crument
Seul, non aliéné
Pour comprendre que rien n’est à saisir.
Décembre 2024
Les tombeaux sont voilés
Et la fièvre demeure
Mon étrange maîtresse
A demandé sa route
Et sans ménagement
Lui ai lié les mains.
Le cavalier est borgne
M'a-t-elle susurrée
Et ne t’invite pas
À prendre son chemin
Tes mains sont fatiguées
Ne vois-tu pas
Que tu es vieille
Le son dans tes oreilles
Broie ses notes épuisées
À quel regard peux-tu prétendre ?
Il fait ombre ce matin
Dans ta chambre
Le feu blanc des cendres
Ne chauffe pas tes reins
Et si ta fièvre demeure
Je n’y comprends plus rien.
2024
Je ne peux vivre que d’une façon Lyrique
Ou je ne vis pas.
Si mon ciel est bas
Le pourfends, le déchire
Y fais jaillir la lumière et ses oiseaux dorés
Si la pluie bat
Oh ! Fontaines
J’en fais des Duchamp
Si une mouette meurt
Mon cœur et mon corps et mes pleurs et le vent
Si tu ne réponds pas
Je sculpte des menhirs
Lyrique
Je ne peux vivre — Ici-bas
2024
Ici mourir de désespérance
Tel que moi
Ici voiler mon crâne
Des couleurs affadies
Je porte le noir
Le deuil de la poésie.
Ici faille profonde
Enchaînée à l’inertie
Point de mots véritables
Traquer l’ombre des initiés
Il n’y en a pas.
Peindre un autoportrait
Où les vers me mangent
Me décomposent lentement
C’était avant
Que je croise son chemin
Le Dinosaure.
Comment faire pour arrêter la course des heures !
Si elles me rapprochent de toi
Elles me rapprochent aussi de la mort
Serais-tu la mort, dis-moi ?
2024
Pas de garderie pour mes œuvres
Pas de foule à mes bas
Pas de tickets d’entrée pour les salons
Allons ! Pauvre brouillon
Soit heureuse
Tu as des matins frais
Sur l’œuf de ton crâne
Pas de mouches encore là
Et ton sourire dans la glace
D’être si libre de tout çà.
2024
Châtelet
Il est venu ce matin
Les yeux fixes et n’a rien dit de son chagrin.
Nous étions bêtes l’un en face de l’autre
À faire semblant d’ignorer le cataclysme.
Lui pour ne pas dire
Moi pour ne pas comprendre.
Tendre enfant, que ta peine est mienne
Cent fois je l’ai vécue.
Quel effort as-tu fait
Pour savoir te lever
Et venir et m’attendre
Et porter mon bagage
Et marcher près de moi
Si vieille et si peu semblable
À celle qui te brise le cœur
Et bâcle ton émoi.
2024
Fleur amère
Au hasard de mes nuits
Je m’ennuie
Fendre l’air
Attend
Où ?
Membres morts
Fleur amère
C’est ici
Errante
Au hasard de mes nuits
Je saisi
Souffle
Fleur amère
Qui ?
Toi qui fredonne
Petite fleur
J’ai vomi.
2024
Et tu vas attendre des jours et des jours
Comme le calice de ponce
à user ton amour
Dans ma petite bouillotte
Les noyaux de cerises
Que tu as sucés très lentement
Sais-tu que tu dors à mes pieds ?
Comme le petit chien
Des tableaux de Titien
Lorsque brûle ma plante
De pied je te remonte au ventre
Et je souris en fermant les yeux
Je souris comme Elle
La belle adorée du Louvre
Celle qui ne sait pas
Dormir avec toi.
2024
Laisse-moi
La clef entre mes deux seins
Où il y a tant de lumière.
Je n’ai rien dans les mains
Aucun outil de décryptage.
Mais j’ai le vent dans mes cheveux
et le cœur qui tremble
à ta main qui s’oublie.
2024
Les montagnes grelottent de perdre leur neige
Mes Amies
Toutes à retenir
Mon âme qui s’emballe
Et pourtant
Je ne suis montée que sur un âne.
Ne savoir ce corps
Ne savoir cette porte non frappée
Ne savoir qu'il existe encore là
quelque extase non sue
La conception d'une chose
encore gourmande
Ne savoir... mais vivre encore
Magique
Dans ce train si lent
si arrêté
si perturbé
qui me reconduit là
Où je ne suis jamais restée.
Septembre 2024
Mouche mâle
Élévation
Mouche œuf
Éclosion
Viendra ta langue
Imposition
Ne fais pas l’agneau
qui bêle
Ne fais pas l’oiseau
qui pond
Conduis-moi
à ton Erectio.
Le lit ou la lame
Ma joue contre ta vitre
J'approche le feu et sa lumière
L'immonde d'une grosse bouche
entre tes doigts.
Héroïque nuit où les corps étendus
semblent effrayants et vulgaires.
La mer !
Vois comme elle se moque de tout.
Des bras qui crient, des thorax d'éponge
des nuques glabres.
Vois comme elle nargue
La mer !
Vois sa perfide lumière
Ses lames d'yeux rouges
Son rythme incessant.
Ma joue contre ta vitre, cédant !
J'approche le froid
de notre folie ordinaire.
2022
Aimer ta désaffection
Aimer ta posture
Aimer l'intérieur de ta bouche
Aimer la doublure de ta langue
Aimer les cercles de tes yeux
Aimer le rideau qui te cache
Aimer le rire de tes chaussures
Aimer ton ongle incarné
Aimer ta perte de vue
Aimer ton signe
Aimer ton équivoque
Aimer ton univoque
Aimer ton verre et ton miroir
Aimer le soir ton urgence
Aimer ta trace
Aimer ton front
Aimer ta tension
Aimer ton lointain
Aimer tes mains
Aimer tes pieds
et tes cheveux d'absence
Aimer ton impuissance
Aimer ton cœur malade
Porter ton manteau
Aimer ton haleine de prêtre
T' Aimer d'un sentiment obscur
lorsque tu lèches ma blessure
Aimer tes armes
Aimer ton journal
Aimer ton chien
Et puis...
claquer ta porte
Et puis.... Aimer ta porte
et le chemin qui me déporte
Aimer me retourner
et Aimer revenir
pour t' Aimer d'efforts
pour t' Aimer encore.
Octobre 2011
Les belles amandines
Des amandes
Des amandiers
Sont des biscuits très fins
Que les enfants goulinent
Dans les blés interdits
Par le fermier
Son jupon était rose
Sa lèvre était blessée
La petite Nadine
Je crois bien qu’elle boitait
2005
Swing
Je m'oins
D'huile prodigieuse
Pour qu'au Caveau de la Huchette
Des hommes en trompette
Invitent ma jeunesse
En moins
L'absence
Mais très fort y croire encore
L'ombre des arbres me trompent, il me semble que tu me suis
Le papillon blanc me berne
je frissonne à sa caresse
Sur la toile cirée
je vois ton cou qui tremble au reflet d'un bougeoir
N'est-ce pas ta pupille noire
ce clignement inquiet du chien qui me regarde
Décidément je suis incorrigible
Pour couper
ma soif et sa brûlure
le matin crache sa bruine
Je marche sur ton ventre
Il boit l'animal vois-tu
dans la marre si peu profonde
ma main coupe ses cercles d'eau
Les hommes qui te ressemblent sont indignent
ils me fascinent et me tuent
et me trompent
vois-tu
L'absence
Mais très fort y croire
Mais très fort qu'en tout tu me hèles
Qu'en tout tu palpites et joues avec moi
Me vois-tu
ne me vois-tu pas
Ta voix m'est perpétuelle
Non
Ne geins pas
par le volet qui grince et bat
me tromper n'est plus cruel
puisque je vis encore de toi
Novembre 2020
Le 6h 53
C’est tout ce qui reste
Des souliers rouges
De l’élégance
De la fascination
De l’affolement.
C’est tout ce qui reste
Un petit cortège progresse
C’est tout ce qui reste
Rien à dire à personne
Le regard sans honneur
Mettre un pied à terre !
Un forcené ferait l’affaire.
C’est tout ce qui reste
Un petit cortège progresse
C’est tout ce qui reste
Une heure. Un train
Un train. Un train
Les mêmes harassements
La pauvre vieillissante
Lèche sa tri(n)quette.
C’est tout ce qui reste
Un petit cortège progresse
C’est tout ce qui reste
D' un escalier rouge
De l' élégance
De la fascination
De l’affolement
C’est tout ce qui reste
Un petit cortège progresse
Un brouillard épais
Une rue proprette
Cherche le sommeil
De mémoire épouse
Un poinçonneur complaisant.
C’est tout ce qui (te) reste.
Progresse !
Paris Gare du Nord automne 2007
Chimie d’une épaule
tremblante au moindre signe
te déchire
emporte
l’oreille la bouche la main
C’est encore
un corps
C’est encore
un visage
un homme en chantier
un sanglot
une image
d’humaine transmutation
une onde
des bruits
tout simplement
dans son abri
de bandages
C’est encore
le partage
de nos yeux
pénitents
de troublante alchimie
La femme en blanc a dit
Qu’il se repose
Je suis partie
Décembre 2011
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