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V e r s e
Plasticienne
Petits arrangements avec les mots
Je n'ai pas la prétention d'être poète. Ce n'est pour moi qu'un moment de plaisir, un scrabble
amusant.
N’ayez pas la tentation d’y voir une confession. J’ai cette faculté d’être multiple.
" Ouvrez l’oreille, chaque mot possède un coeur qui bouge " Nimier
Ah ! Je crois
À l’étrange parfum
Qu’une géante morte
Dans mon cœur s’y respire.
Il n’y a rien de petit
Lorsqu'on court à l’ardeur
Aucune démesure à
L’obsession que tu m’inspires.
Je broie des couleurs
J’agite les mains
Les becs de mon jardin
Semblent en rire
Si j’adresse à la Muse
Ma fièvre de gamin
Ah ! Je crois
À l’étrange parfum.
2024
Les tombeaux sont voilés
Et la fièvre demeure
Mon étrange maîtresse
A demandé sa route
Et sans ménagement
Lui ai lié les mains.
Le cavalier est borgne
Lui ai-je susurré
Et ne t’invite pas
À prendre son chemin
Ne vois-tu pas que tu es vieille
Tes mains sont fatiguées
Le son dans tes oreilles
Broie ses notes épuisées
À quel regard peux-tu prétendre ?
Il fait ombre ce matin
Dans ta chambre
Le feu blanc des cendres
Ne chauffe plus tes reins
Et si ta fièvre demeure
Je n’y comprends plus rien.
2024
Je ne peux vivre que d’une façon lyrique
Ou je ne vis pas.
Si mon ciel est bas
Je le fends, le déchire
Y fais jaillir la lumière et ses oiseaux dorés
Si la pluie bat
J’en fais des Duchamp
Si une mouette meurt
Mon cœur et mon corps et mes pleurs et le vent
Si tu ne réponds pas
Je sculpte des menhirs.
Je ne peux vivre que d’une façon lyrique
2024
Les montagnes grelottent de perdre leur neige
C’est un tissu moiré
Qui servait pour les tombes
Il m’en fit un bonnet
Et me l’envoya.
Mais j’avais sur la tête
Des fleurs en couronne
Des lys, des roses
Il ne le savait pas.
Il me vit arriver
Royale et silencieuse
Lui rendre son bonnet
Qui ne me si ed pas.
2024
Ici mourir de désespérance
Tel que moi
Ici voiler mon crâne
Des couleurs affadies
Je porte le noir
Le deuil de la poésie.
Ici faille profonde
Enchaînée à l’inertie
Point de mots véritables
Traquer l’ombre des initiés
Il n’y en a pas.
Peindre un autoportrait
Où les vers me mangent
Me décomposent lentement
C’était avant
Que je croise son chemin
Le dinosaure.
Comment faire pour arrêter la course des heures !
Si elles me rapprochent de toi
Elles me rapprochent aussi de la mort
Serais-tu la mort, dis-moi ?
2024
Pas de garderie pour mes œuvres
Pas de foule à mes bas
Pas de tickets d’entrée pour les salons
Allons ! Pauvre brouillon
Soit heureuse
Tu as des matins frais
Sur l’œuf de ton crâne
Pas de mouches encore là
Et ton sourire dans la glace
D’être si libre de tout çà.
2024
Châtelet
Il est venu ce matin
Les yeux fixes et n’a rien dit de son chagrin.
Nous étions bêtes l’un en face de l’autre
À faire semblant d’ignorer le cataclysme.
Lui pour ne pas dire
Moi pour ne pas comprendre.
Tendre enfant, que ta peine est mienne
Cent fois je l’ai vécue.
Quel effort as-tu fait
Pour pouvoir te lever
Et venir et m’attendre
Et porter mon bagage
Et marcher près de moi
Si vieille et si peu semblable
À celle qui te brise le cœur
Et bâcle ton émoi.
2024
Fleur amère
Au hasard de mes nuits
Je m’ennuie
Fendre l’air
Attend
Où ?
Membres morts
Fleur amère
C’est ici
Errante
Au hasard de mes nuits
Je saisi
Souffle
Fleur amère
Qui ?
Toi qui fredonne
Petite fleur
J’ai vomi.
2024
Et tu vas attendre des jours et des jours
Comme le calice de ponce
à user ton amour
Dans ma petite bouillotte
Les noyaux de cerises
Que tu as sucés très lentement
Sais-tu que tu dors sous mes pieds ?
Comme le petit chien
Des tableaux de Titien
Lorsque brûle ma plante
De pied je te remonte au ventre
Et je souris en fermant les yeux
Je souris comme Elle
La belle adorée du Louvre
Celle qui ne sait pas
Dormir avec toi.
2024
Laisse-moi
La clef entre mes deux seins
Où il y a tant de lumière.
Je n’ai rien dans les mains
Aucun outil de décryptage.
Mais j’ai le vent dans mes cheveux
et le cœur qui tremble
à ta main qui s’oublie.
2024
Mes amies
Toutes à retenir
Mon âme qui s’emballe
Et pourtant
Je ne suis montée que sur un âne.
Ne savoir ce corps
Ne savoir cette porte non frappée
Ne savoir qu'il existe encore là
quelque extase non sue
La conception d'une chose
encore gourmande
Ne savoir... mais vivre encore
Magique
Dans ce train si lent
si arrêté
si perturbé
qui me reconduit là
Où je ne suis jamais restée.
Septembre 2024
Louvre
Gravure diabolique où j'ai cloué mes doigts
Raz de marée
tourbillonnant
où de minuscules diables agonisent
emportés en eau
butant aux genoux des vierges assises.
Piétinement sur les parquets
des yeux mouillés de revenants
fascinés
où l'on trouve drôle
le Carnage
et la Servante
et l'Ecclésiaste
Je tourne court
aux boucles de Dürer
je pense à ma mère
et à ses fins cheveux
éclatement d'un monde
inspiré et soupirant
Solitaire un Primitif s'effondre
au regard d'une Joconde canonisée
Ouvre
ta lèvre de détrempe
ta robe des saints
esquisse l'instable marteau
que l’on porte sur la tête
révélation des maîtres
possédés de destins
Un pompier suce ses manches
impatient que ce dimanche
prenne feu
Les photographes sont ivres
les gardiens malsains
leurs pieds passés à la question
J'implore
les dos d'inspirations
qui devant moi défilent et s'oeuvrent
aux noirs bitumés d'un Naufrage
Louvre
mon précieux
sauvetage
touchant aux extrêmes
je perds mes bras pour des ailes
mais la Victoire reste
incertaine
Dix-huit heures
Louvre ferme
Septembre 2011
Aimer ta désaffection
Aimer ta posture
Aimer l'intérieur de ta bouche
Aimer la doublure de ta langue
Aimer les cercles de tes yeux
Aimer le rideau qui te cache
Aimer le rire de tes chaussures
Aimer ton ongle incarné
Aimer ta perte de vue
Aimer ton signe
Aimer ton équivoque
Aimer ton univoque
Aimer ton verre et ton miroir
Aimer le soir ton urgence
Aimer ta trace
Aimer ton front
Aimer ta tension
Aimer ton lointain
Aimer tes mains
Aimer tes pieds
et tes cheveux d'absence
Aimer ton impuissance
Aimer ton cœur malade
Porter ton manteau
Aimer ton haleine de prêtre
T' Aimer d'un sentiment obscur
lorsque tu lèches ma blessure
Aimer tes armes
Aimer ton journal
Aimer ton chien
Et puis...
claquer ta porte
Et puis.... Aimer ta porte
et le chemin qui me déporte
Aimer me retourner
et Aimer revenir
pour t' Aimer d'efforts
pour t' Aimer encore.
Octobre 2011
Le lit ou la lame
Ma joue contre ta vitre
J'approche le feu et sa lumière
L'immonde d'une grosse bouche
entre tes doigts.
Héroïque nuit où les corps étendus
semblent effrayants et vulgaires.
La mer !
Vois comme elle se moque de tout.
Des bras qui crient, des thorax d'éponge
des nuques glabres.
Vois comme elle nargue
La mer !
Vois sa perfide lumière
Ses lames d'yeux rouges
Son rythme incessant.
Ma joue contre ta vitre, cédant !
J'approche le froid
de notre folie ordinaire.
2022
Mouche mâle
Élévation
Mouche œuf
Éclosion
Viendra ta langue
Imposition
Ne fais pas l’agneau
qui bêle
Ne fais pas l’oiseau
qui pond
Conduis-moi
à ton Erectio.
Les belles amandines
Des amandes
Des amandiers
Sont des biscuits très fins
Que les enfants goulinent
Dans les blés interdits
Par le fermier
Son jupon était rose
Sa lèvre était blessée
La petite Nadine
Je crois bien qu’elle boitait
2005
Swing
Je m'oins
D'huile prodigieuse
Pour qu'au Caveau de la Huchette
Des hommes en trompette
Invitent ma jeunesse
En moins
2005
L'absence
Mais très fort y croire encore
L'ombre des arbres me trompent, il me semble que tu me suis
Le papillon blanc me berne
je frissonne à sa caresse
Sur la toile cirée
je vois ton cou qui tremble au reflet d'un bougeoir
N'est-ce pas ta pupille noire
ce clignement inquiet du chien qui me regarde
Décidément je suis incorrigible
Pour couper
ma soif et sa brûlure
le matin crache sa bruine
Je marche sur ton ventre
Il boit l'animal vois-tu
dans la marre si peu profonde
ma main coupe ses cercles d'eau
Les hommes qui te ressemblent sont indignent
ils me fascinent et me tuent
et me trompent
vois-tu
L'absence
Mais très fort y croire
Mais très fort qu'en tout tu me hèles
Qu'en tout tu palpites et joues avec moi
Me vois-tu
ne me vois-tu pas
Ta voix m'est perpétuelle
Non
Ne geins pas
par le volet qui grince et bat
me tromper n'est plus cruel
puisque je vis encore de toi
Novembre 2020
Le 6h 53
C’est tout ce qui reste
Des souliers rouges
De l’élégance
De la fascination
De l’affolement.
C’est tout ce qui reste
Un petit cortège progresse
C’est tout ce qui reste
Rien à dire à personne
Le regard sans honneur
Mettre un pied à terre !
Un forcené ferait l’affaire.
C’est tout ce qui reste
Un petit cortège progresse
C’est tout ce qui reste
Une heure. Un train
Un train. Un train
Les mêmes harassements
La pauvre vieillissante
Lèche sa tri(n)quette.
C’est tout ce qui reste
Un petit cortège progresse
C’est tout ce qui reste
D' un escalier rouge
De l' élégance
De la fascination
De l’affolement
C’est tout ce qui reste
Un petit cortège progresse
Un brouillard épais
Une rue proprette
Cherche le sommeil
De mémoire épouse
Un poinçonneur complaisant.
C’est tout ce qui (te) reste.
Progresse !
Paris Gare du Nord automne 2007
Chimie d’une épaule
tremblante au moindre signe
te déchire
emporte
l’oreille la bouche la main
C’est encore
un corps
C’est encore
un visage
un homme en chantier
un sanglot
une image
d’humaine transmutation
une onde
des bruits
tout simplement
dans son abri
de bandages
C’est encore
le partage
de nos yeux
pénitents
de troublante alchimie
La femme en blanc a dit
Qu’il se repose
Je suis partie
Décembre 2011
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